L'odeur de la mort

Le chemin jusqu'au château m'avait parut durer une éternité. J'allais vers la mort. Indubitablement. Et je faisais tout pour trouver un échappatoire, la moindre issue de secours qui me permettrait de prendre la fuite. Mais sous l'emprise du sort de Lluvy, je ne pouvais plus rien faire pour me rebeller. Du moins pour le moment. Entre deux prières pour la survie d'Akira, je me risquais à jeter un oeil alentours. A moitié sonnée, je n'en restait pas moins alerte. Enfin, le plus que je pouvais. Le paysage changeait souvent. Nous empruntions une galerie, et le seconde qui suivait nous marchions dans la forêt.
Nous étions enfin arrivés à hauteur du château quand je commençais à reprendre mes esprits avec la dissipation du sortilège de Lluvy. La bâtisse était immense, mais complétement différente du Palais Impérial de mes chers dirigeants. Ce qui fut le plus impressionnant en matière de taille et d'équipement était à mes yeux la salle de torture. Vraiment, vraiment impressionnante.

On me jeta dans une cellule avec une force qui me fit perdre connaissance. La dernière chose que je vit fut la grille de la cellule se refermant sur moi. C'est bien ce que je pensais ; le reine démoniaque ne comptait pas me tuer directement. J'aurais sûrement droit aux quelques réjouissances qu'ils conférait aux prisonnier de connaître. Telles que les séances de tortures, les interrogatoires musclés, ...

Youpi.

Cela faisait tellement longtemps que j'attendais ça. De revoir le sang couler, les larmes couler et la peur s'imiscer lentement dans le coeur de ma victime.
Vous le savez autant que moi. J'adore ça.
C'est tout ce qui me fait vivre. On s'ennuie dans ce château, si vous saviez ! Il faut bien s'occuper comme on peut...

Rien que l'idée de pouvoir reprendre du service me faisait frémir. Mon regard était animé d'un feu nouveau. Ma bouche se déformait dans un rictus sardonique alors que j'aiguisais mes griffes rutilantes.
J'avais revêti mon habit de tueuse. J'étais fin prête pour abattre ma fureur sur cette pauvre inconsciente.

J'évoluais lentement dans les couloirs du cachot, savourant chaque seconde qui me rapprochait un peu plus de mon objectif. On entandait que le cliquetis lugubre de mes griffes sur le sol de pierre, accompagné des gémissements de quelques prisonniers à l'agonie.
Je m'arrêtais face à la cellule de ma fraîche détenue, ordonnant aux gardes de m'ouvir la grille. Ils s'exécutèrent aussitôt, et je me faufilais tel le fantôme de la mort jusq'à ma proie. Elle semblait sortir doucement de son sommeil forcé, chancelante.
Lorsqu'enfin elle se redit compte de ce qui était sur le point de fondre sur elle, je poussais un cri strident, du genre qui donne des ailes aux guerriers avant qu'ils ne se jettent dans la mêlée.
Je déployais mes ailes membraneuses, la dominant de toute ma hauteur. Et je me jettais sur elle.

La partie venait de commencer...

Je reprenais peu à peu conscience, recroquevillée au fond de mon cachot. Dans un gémissement pathétique, je me redressais contre la roche humide. On m'avait séparée de Raigua, pris mes tomes et mes armes. Seule une pâle lueure parvenait jusqu'à moi à travers les barreaux de la cellule, sûrement produite par une torche fixée dans le couloir en face de moi.

Je tentais de trouver au fond de mon esprit perturbé le début d'une stratégie qui me permettrais de mettre fin à tout ça ; de fuir, ou de mourir. Le plus rapidement possible. Certes, j'avais été entraînée à l'image d'un guerrier, donc à supporter la douleur. Mais je connaissais mes limites. Et je ne tiendrais jamais face à cette reine de la torture.

Je ne voyais aucune faille. On avait sûrement placé des enchantements sur les murs de la cellule afin d'empêcher toute tentative d'échappée, magique ou physique. Je ne voyais que la mort comme échappatoire.

Bientôt, un cliquetis sordide me parvint. Le crissement strident des griffes sur la pierre nue. Les frissons montaient en moi, mes entrailles se tordaient. Lluvy se trouvait à présent devant moi, toutes griffes dehors. Son rugissement, chant de fin du monde, me déchira les tympans.
Vu d'en bas, elle était vraiment effrayante.

J'étais fichue.

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